L’actu des marchés du 26 février 2021

L’actu des marchés du 26 février 2021

La disgrâce des valeurs technologiques était très visible, cette semaine, aux Etats-Unis : le Nasdaq a perdu près de 4%, pendant que le Dow Jones recule seulement de près de 0,87%. Moins polarisés, et moins dépendants aux poids lourds de l’économie numérique, les indices européens ont mieux tenu le choc.

Sur la seule journée de jeudi, le recul des actions technologiques a entrainé la plus forte baisse du S&P 500 depuis un mois, tandis que la baisse du NASDAQ a été la plus importante depuis octobre. Les petites capitalisations ont également connu des baisses importantes, effaçant le rallye de + 2% de mercredi sur le Russell 2000. L’indice de volatilité CBOE (VIX) a grimpé de 35%.

Pourquoi les valeurs technologiques baissent-elles dans le contexte actuel ?

Ces sociétés sont des entreprises de croissance, valorisées sur des promesses de bénéfices en constante augmentation sur le long terme. Si d’autres opportunités de court terme émergent, elles perdent nécessairement de leur attrait. Sur la période récente, il n’y avait pas de meilleure opportunité. Malgré les interrogations sur la rotation des actifs qui ont émergé dès la fin de l’été, l’investissement dans les valeurs technologiques est resté le pari le plus fort des gérants début 2021, parce qu’il restait rassurant et rémunérateur. Or, de nouvelles opportunités sont apparues. 

La croissance économique devrait faire son retour sur des taux records. D’abord, la base de comparaison va être très faible au printemps. Ensuite, les entreprises vont gagner en confiance. Enfin, parce que certains secteurs au point mort vont recommencer à générer de l’activité. C’est mécanique ou presque. Dans ce contexte, les investisseurs regardent, et c’est logique, les valeurs qui vont profiter de cette force de traction économique, celles que l’on appelle les valeurs cycliques. Ils regardent aussi les valeurs très décotées, bénéficiaires collatérales de la situation.

Dans ce contexte, une franche remontée des taux souverains s’est mise en place malgré des banquiers centraux qui montent au créneau. Le 10 ans américains est passé de 1.35% à 1.508% et le taux allemand à 10 ans a progressé de 5bp. Le 10ans français est même repassé en territoire positif avant de retrouver les -0.030%. Cette remontée se fait aussi bien par les anticipations d’inflation que par les anticipations de croissance, en lien avec un optimisme toujours croissant concernant la relance américaine d’une part (vote ce samedi de celle-ci à la Chambre des Représentants ; qui devra être confirmé par un second vote au Sénat d’ici deux semaines) et la capacité à maîtriser l’épidémie d’autre part.

Du côté des matières premières, le pétrole revient également sur ses niveaux d’avant crise avec un Brent à 64$. Une reprise poussée par les espoirs d’une demande croissante de carburant, une réduction de l’offre des producteurs et une vague de froid aux Etats-Unis gelant la production.

La présidente de la BCE, Christine Lagarde, s’est exprimée lundi lors d’une conférence organisée par le Parlement européen. La Banque centrale européenne surveille attentivement les rendements nominaux des emprunts d’Etat, selon Madame Lagarde, alors que les responsables politiques sont de plus en plus vigilants face à la hausse des rendements obligataires. Jusqu’à présent, la BCE avait relativisé, estimant que les conditions de financement restaient favorables et que les rendements nominaux n’étaient pas nécessairement un repère. « La BCE suit de près l’évolution des rendements des obligations nominales à long terme », a insisté la Présidente, qui a aussi confirmé l’engagement de la BCE à préserver un financement favorable pendant la pandémie.

Du côté de la Fed, Jerome Powell a estimé qu’il faudrait peut-être plus de 3 ans pour que l’inflation atteigne l’objectif de la banque centrale, signe que la Fed se projette au-delà de toute flambée des prix à court terme et entend maintenir ses taux proches de zéro. « Nous sommes simplement honnêtes quant au défi à relever », a déclaré Jerome Powell devant la Commission des services financiers de la Chambre des représentants, en référence aux prévisions de la Fed selon lesquelles l’inflation restera égale ou inférieure à l’objectif de 2% de la banque centrale jusqu’en 2023.

Dans le contexte, la Fed n’a donc pas l’intention de resserrer sa politique monétaire. Suite à ces déclarations les taux américains ont progressé de près de 10 pb en journée.

Il est important de noter que, depuis quelques jours, ce mouvement s’observe surtout sur les taux réels (hors anticipations d’inflation), alors que les investisseurs se focalisent sur l’après-crise en anticipant un rebond de croissance important. Comme ils l’ont fait pour les marchés depuis longtemps, ils semblent regarder désormais au-delà des risques de court terme, toujours présents sur le plan sanitaire (reconfinements locaux en France, propagation des variants), se focalisant plutôt sur les nouvelles concernant les vaccins qui restent plutôt bien orientées.

Il s’agit aussi de surveiller l’impact de ces mouvements sur le segment « corporate », alors que l’iTraxx Crossover (indice d’évolution des taux « corporate ») réagit plus sensiblement en fin de semaine (+11 pb à 264 pb). L’or (-1,4% à 1773 $/once) reste pour sa part logiquement sous pression (vu que le taux réels des obligations remonte), tout comme les devises « refuge », en particulier le yen qui a atteint un nouveau point bas depuis fin 2018 face au dollar. L’euro s’apprécie en fait face à toutes devises, y compris face au dollar. La devise européenne progresse de près de 1% en deux jours à 1 € = 1,225 $ et ce malgré la hausse du spread de taux entre les Etats-Unis et l’Europe en faveur des premiers,

L’ex-présidente de la Fed a estimé que les paiements actuels d’intérêt des USA en part du PIB se situaient actuellement aux niveaux de 2007… Selon elle, les Etats-Unis disposeraient de plus de marge d’action que d’ordinaire en matière fiscale, le coût de la dette étant beaucoup moins élevé qu’historiquement. Yellen encourage donc une action budgétaire forte de relance, avec notamment des distributions larges d’un chèque de 1.400$ plutôt qu’une action ciblée.

Janet Yellen a jugé par ailleurs qu’il faisait sens pour la Fed d’étudier une devise en dollar digital… En revanche, elle a indiqué que le bitcoin serait « extrêmement inefficient » pour conduire des transactions et ne serait qu' »un actif hautement spéculatif…

Enfin, Saint Gobain et Aéroport De Paris profitent de la rotation sectorielle réalisée par les investisseurs. Le premier progresse de près de 6% sur la semaine porté par une publication de solides comptes annuels. Le spécialiste des matériaux de construction a dégagé l’an passé un cash-flow libre record de plus de 3 MdsE (+63,9%) tandis que l’endettement a reculé à 7,2 MdsE, contre 10,5 MdsE en 2019. Le groupe confirme la proposition de versement d’un dividende en espèces de 1,33 euro par action.

Le second progresse de 11.2% grâce à l’amélioration de l’évolution de la pandémie et aux perspectives de relance de la croissance du groupe.

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